Ce dossier consacré à la guerre d’Algérie traite de’affrontement, par la propagande, des divers mouvements politiques en Algérie comme en métropole.
Durant les années du conflit (1954-1962), cette guerre n’est pas reconnue comme telle, du moins officiellement. Elle apparaît dans les médias via la censure étatique française sous l’appellation d’« événements ». Les affrontements qui durent près de huit années ne sont pas que militaires. Leurs dimensions politiques et psychologiques sont visibles au travers des documents de propagande, moyen d’action que s’approprient tous les acteurs du conflit. Pour le gouvernement français, les indépendantistes sont des « rebelles » ou des « terroristes ». Ces derniers se qualifient, quant à eux, de djounouds, des combattants de l’Armée de libération nationale (ALN) ou encore des moudjahidin, des combattants du Djihad. Promouvoir le combat chez les indépendantistes conduit à une confrontation des mémoires. Tandis que les vainqueurs parlent d’une « révolution » ou d’une « guerre d’indépendance », en France, depuis 1962, est principalement employé le terme de « guerre d’Algérie ». Cette dernière n’est d’ailleurs officiellement reconnue par l’Assemblée nationale qu’en 1999.
Les lieux des affrontements ne se limitent pas aux seuls départements algériens, ils s’étendent aussi à la métropole. La propagande a une dimension urbaine importante, comme à Oran, Alger ou Paris. Avec l’apparition de l’Organisation armée secrète (OAS) en février 1961, la guerre atteint son paroxysme. Les moyens de communication de masse permettent la diffusion des idées politiques. Vient s’ajouter un nouveau média : la télévision. Dans ces années 1950, de plus en plus de foyers français possèdent un téléviseur. En 1958, 10% d’entre eux en sont équipés et peuvent suivre des programmes comme l’émission Cinq colonnes à la une. Mais en dehors du cadre familial, tracts, affiches et graffitis sont le lot quotidien des Français. Ainsi ces modes de communication traditionnels conservent une importance primordiale et sont l’objet d’une attention particulière de la part des belligérants. C'est une véritable guerre de propagande, parallèle aux affrontements armés, qui se déroule en Algérie comme en métropole, entre 1954 et 1962.
Nous avons choisi de privilégier des documents produits au moment le plus fort des confrontations armées et politiques, soit les dernières années du conflit, entre 1960 et 1962. Le dossier se compose de six documents, conservés à La contemporaine : trois affiches, une couverture de journal et deux tracts. Nous verrons comment, malgré l’apparition de la télévision, ces médias traditionnels continuent à jouer un rôle primordial sur les populations et révèlent les réalités politiques mais aussi sociales de cette période de crise majeure.
Le thème de la propagande en temps de guerre est également traité dans les dossiers des cartables numériques de La contemporaine, nous renvoyons à : Image des troupes coloniales pendant la Grande guerre en France ; L’affiche politique ou la propagande par l’image ; La propagande de Vichy à travers l’affiche.
Bibliographie
Ouvrages généraux
- Charles-Robert Ageron et al, Des royaumes berbères à l’indépendance, l’Algérie et les Algériens, l’Histoire, les collections n° 55, avril-juin 2012.
- Guy Pervillé, Atlas de la guerre d’Algérie, de la conquête à l’indépendance, Paris, éditions Autrement, 2003 (Paris, réédition en 2012).
- Guy Pervillé, La guerre d’Algérie, PUF, 2007 (réédition en 2012).
- Benjamin Stora, Histoire de la guerre d'Algérie, Paris, La Découverte, 2004
- Benjamin Stora, Les Clés retrouvées. Une enfance juive à Constantine, Paris, Stock, 2015
Ouvrage sur la propagande en Algérie
- Sébastien DENIS, Le cinéma et la guerre d’Algérie. La propagande à l’écran (1945-1962), Nouveau Monde éditions, 2009.
Dossier réalisé par Michelle Ly, Pablo Gallardo, Chloé Bersegeay, étudiants de licence 3 en histoire et histoire de l'art, dans le cadre du cours "Histoire en action". Université Paris-Nanterre. Avril 2018
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