En août 1914, la presse illustrée a atteint, dans plusieurs pays d’Europe, l’apogée de sa diffusion. En France, des journaux comme L’Illustration et Le Miroir se vendent respectivement chaque semaine à 250 000 et 600 000 exemplaires. En Allemagne, l’illustré satirique Simplicissimus tire à près de 500 000 exemplaires.
Simplicissimus - 22 octobre 1918
Face à ces succès, les quotidiens, à l’image du Petit Journal et du Corriere della Sera, se sont mis eux aussi à lancer des suppléments hebdomadaires, dépassant parfois le million de lecteurs. Ces journaux ont été les principaux instruments permettant aux civils à l’arrière de voir la guerre. Ils ont recouru à deux techniques de représentation : la gravure et la photographie. Certains, comme L’Illustrazione Italiana ou l’Iskri russe mêleront les deux. La photographie, et l’effet de réel qu’elle est censée produire, est plutôt utilisée comme un témoignage. La gravure cherche quant à elle à mettre en récit un événement (un duel aérien, un assaut, la fin des hostilités,…) ou à donner à voir ce qu’un photographe ne peut saisir pour des raisons techniques ou en raison du danger encouru.
Ainsi, les coups de main nocturnes dans le no man’s land, l’explosion d’un obus ou encore un assaut restent largement l’œuvre de graveurs et dessinateurs. La plupart de ces journaux illustrés existaient avant guerre mais certains, à l’image de l’Illustrated War News, sont nés du contexte nouveau de la guerre. Conduite par un besoin de voir la réalité de la guerre, la demande des publics a en effet été extrêmement forte. Elle s’est souvent traduite par une augmentation significative des ventes et par une place de plus importante accordée à la photographie. Cette presse a largement contribué à forger la culture visuelle du conflit.