La Guerre d’Espagne (juillet 1936-mars 1939), par ses répercussions au niveau international, est à de nombreux égards annonciatrice de la Seconde Guerre mondiale. La médiatisation du conflit, d’une ampleur jusque-là inédite, s’explique en particulier par la venue de journalistes et de photographes du monde entier. Tandis que l’Italie et l’Allemagne reconnaissent le général Franco dès octobre 1936 et lui apportent un soutien militaire, la question de l’aide aux forces anti-franquistes et au gouvernement républicain en exil, divise profondément la classe politique française : choix de la non intervention de la part du gouvernement du Front populaire, campagnes de mobilisation en faveur des républicains espagnols menées en particulier par le Parti communiste, la CGT et les groupes anarchistes, départ de volontaires dans le cadre des Brigades internationales, élan de sympathie d’une partie de la droite conservatrice catholique en faveur de Franco. En Espagne même, les tensions politiques sont loin de se limiter à l’opposition entre défenseurs de la IIe République et nationalistes putschistes. Les divergences au sein des groupes communistes et anarchistes sur la forme que doit prendre la Révolution, divisent le camp des opposants au fascisme.
La sélection de documents proposée (affiches, photographies, brochures) reflète la prolifération de publications autour de la Guerre d’Espagne pendant le conflit et la complexité des engagements tant du point de vue espagnol que français.
Les photographies sont issues du fonds Gabriel Ersler qui regroupe plus de 200 clichés.
Dans l’Argonnaute, l’ensemble des ressources numérisées sur la Guerre d’Espagne sont accessibles depuis le plan de classement « Explorer les thèmes – La France et l’Europe de 1918 à 1939 – la montée des totalitarismes – l’Espagne de 1918 à 1939 » : fonds Gabriel Ersler, affiches, carnets d’Antonio Blanca.
Dossier rédigé par Sylvain Chevauché (élève-conservateur à l'ENSSIB)
Imprimer ou exporter en PDF
Bombes sur Madrid… Civilisation !
(Bombes sur Madrid… Civilisation ! Secours international aux femmes et aux enfants des républicains espagnols. Atelier Jean Carlu, Hélio Cachan. Affiche. AFF_024125_40)
Affiche fondée sur la technique du photomontage : la photographie du visage d’un enfant mort (photographie que l’on retrouve dans plusieurs autres affiches françaises de la même période), placée au centre, est mise en valeur par le contraste de couleurs et les éléments textuels. Elle est une commande du Secours international aux femmes et aux enfants des Républicains espagnols à l’atelier de Jean Carlu (1900-1997), fondateur en 1932 de l’Office de propagande pour la paix. Il s’agit de mobiliser l’opinion française en faveur des républicains espagnols et de récolter de l’aide pour les femmes et les enfants. L’affiche fait référence à la « bataille de Madrid » entre le 8 et le 24 novembre 1936 : les nationalistes attaquent la capitale encore tenue par les républicains. Pour les obliger à se rendre, Franco ordonne de bombarder la ville. Entre le 19 et le 23 novembre, les bombardiers allemands font feu et tuent environ 200 civils. Les clichés pris par les journalistes sur place, ceux notamment d’enfants morts comme ici, sont ensuite largement diffusés, notamment par les organisations soutenant les Républicains, et rencontrent un fort écho dans l’opinion. Cette affiche met en avant le terme « Civilisation » détournant ainsi l’un des mots-clé de la propagande franquiste qui présente de façon récurrente le combat nationaliste comme une croisade en faveur de la civilisation chrétienne menacée par l’athéisme et le communisme.
(Tous droits réservés)
Afficher en grand
Défilé de volontaires du premier bataillon de la 13e Brigade Int
(Défilé de volontaires du premier bataillon de la 13e Brigade Internationale (bataillon Dombrowski). Gabriel Erlser (1913-2005). Photographie. PH_N_000007)
Gabriel Ersler, né en 1913 en Pologne, étudie la médecine à Berlin et à Berne. Quand éclate la Guerre d’Espagne, il décide, comme environ 800 autres Polonais, de s’engager au côté des Républicains espagnols. Il entre dans le service de santé du premier bataillon de la 13e Brigade Internationale, le bataillon polonais dit « bataillon Dombrowski ». Les volontaires du bataillon Dombrowski (du nom d’un officier polonais qui avait pris part à la Commune de Paris) se sont engagés avant la formation des Brigades Internationales et les rejoignent après leur création. On les voit défiler ici avec les drapeaux. Les Brigades Internationales ont compté de 32 000 à 35 000 volontaires venus d’une cinquantaine de pays. G. Erlser parti avec son appareil photographique, ramènera de nombreux clichés qui témoignent des différents aspects de la vie des Brigades.
(Tous droits réservés)
Afficher en grand
Service de santé du premier bataillon de la 13e Brigade Internat
(Service de santé du premier bataillon de la 13e Brigade Internationale (bataillon Dombrowski). Gabriel Erlser. Photographie. PH_N_000007)
Sur ce cliché, figure Gabriel Erlser (à droite), derrière la portière ouverte d’une ambulance que l’ « Americain Medical Bureau to aid Spanish democracy » met à la disposition du service de santé du bataillon Dombrowski. Ce service dépend du North American Committee to Aid Spanish Democracy créé en 1936 par des intellectuels américains pour fédérer les manifestations de solidarité envers les républicains espagnols (envoi de nourriture, d’argent, de médicaments). Ce comité est lié au Parti Communiste américain mais recrute plus largement, notamment des chrétiens.
(Tous droits réservés)
Afficher en grand
Au pays de Franco notre frère latin
(Au pays de Franco notre frère latin. Maxime Real Del Sarte. Paris : collection « La Caravelle », 1937. F delta 1323/1. Brochure)
L’auteur de cette brochure pro-franquiste est Maxime Real del Sarte (1888-1954) : sculpteur, catholique fervent, chef des « Camelots du roi » (groupe de jeunes militants royalistes qui constituent le service d’ordre et de protection du mouvement Action française, dissous en 1936). Ses sculptures, de même que ce texte, expriment son attachement à une France chrétienne et conservatrice. L’extrême-droite française voit le putsch des nationalistes mené par Franco, comme une tentative de restauration d’un ordre catholique (et éventuellement monarchique) dans une Espagne alors gouvernée par des coalitions démocrates de gauche souvent anticléricales. L’un des arguments avancés est que Franco défend contre la barbarie de l’athéisme un héritage commun fondateur de la civilisation européenne. L’ouvrage « Au pays de Franco, notre frère latin » est la défense d’une « nouvelle Espagne » qui serait en fait l’Espagne de toujours. En vis-à-vis du titre une photographie présente Franco à la fois dans son rôle de chef militaire (il est en uniforme) et de père de famille puisqu’il est entouré de sa femme et de sa fille unique.
(Tous droits réservés)
Afficher en grand
Avis aux délégués concernant les photographies.
(Avis aux délégués concernant les photographies. Office international pour l’Enfance. Conférence internationale pour l’Aide à l’Enfance espagnole, Paris, 21 et 22 juillet 1938. Archives. F delta Rés 251/7)
Le philosophe français Victor Basch crée en 1937 l’Office international pour l’Enfance afin de venir en aide aux enfants espagnols victimes de la guerre. C’est l’un des exemples de l’important élan de solidarité soulevé au niveau international par les événements d’Espagne : de nombreuses organisations se créent en France, en Angleterre, aux Etats-Unis. Cet avis destiné aux délégués présents à la Conférence internationale pour l’Aide à l’Enfance espagnole, démontre la place fondamentale occupée par les enfants dans la perception du conflit à l’étranger et le rôle joué par les associations de soutien dans la circulation des photographies prises par les journalistes et les témoins sur place. Les délégués sont invités ici à sélectionner des clichés afin de les montrer dans les sections locales de l’Office international pour l’enfance. Ils sont classés dans des albums thématiques : enfants victimes des bombardements, enfants accueillis dans des colonies et dispensaires.
(Tous droits réservés)
Afficher en grand
La Voz de España […] chants de l’Armée républicaine espagnole.
(La Voz de España […] chants de l’Armée républicaine espagnole. Archives. F delta 1251/8.)
Annonce de la parution d’une série d’enregistrements de chants de l’armée républicaine espagnole. La chanson reste, notamment dans les milieux populaires, un facteur d’identification à un groupe social ou à une zone géographique. Elle occupe une place importante dans la diffusion des idées des défenseurs de la République espagnole. Les chants républicains sont parfois des reprises de chants plus anciens et adaptés à l’actualité mais aussi des créations contemporaines venant d’artistes participant aux combats ou proches des milieux républicains. Ils sont chantés par les volontaires des Brigades internationales, notamment pendant les longues marches rendues nécessaires par les opérations militaires. Ils sont aussi, comme on le voit ici, diffusés hors d’Espagne, par des associations ou groupes soutenant le camp républicain. El paso del Ebro (reprise d’un air composé en 1808 lors de la guerre d’indépendance espagnole contre Napoléon Ier) et Ya sabes mi paradero (reprise d’une chanson populaire née dans l’armée qui combattait au Maroc dans les années 1920) sont parmi les airs les plus connus.
(Tous droits réservés)
Afficher en grand
Les premiers films parlants sur la Révolution espagnole
(AIT-CGTSR : Un document unique. Les premiers films parlants sur la Révolution espagnole. Paris : Imprimerie S.F.I.E. Archives. F delta Rés 686.)
Annonce de la projection de deux films suivie par une causerie « Comment lutter contre le fascisme », organisées à Paris par l’AIT (Association Internationale des Travailleurs) et la CGTSR (Confédération générale du Travail Syndicaliste Révolutionnaire), proches de la CNT (Confédération Nationale du travail), la principale organisation arnacho-syndicaliste en Espagne. Comme l’indique le tract, pour les anarchistes, la lutte antifasciste doit conduire à la Révolution et non au simple rétablissement de la République. Les films proposés traitent des Colonnes Durruti et de l’enterrement de Buenaventura Durruti, l’une des figures emblématiques du mouvement anarchiste. Membre de la CNT, il combat sur le front d’Aragon en 1936 avec 3 000 hommes connus plus tard sous le nom de « Colonnes Durruti ». Durant cette campagne, il encourage la collectivisation des terres et s’oppose à la militarisation des milices populaires. Il est tué en novembre 1936 lors de la défense de Madrid. Son enterrement à Barcelone rassemble plus de 250 000 personnes. Il est précisé que les films sont « parlants » : le cinéma parlant né à la fin des années 1920 évince peu à peu le cinéma muet au cours des années 1930.
(Tous droits réservés)
Afficher en grand
Contre qui la guerre en Espagne ? Sauvez la France ! Sauvez la p
Contre qui la guerre en Espagne ? Sauvez la France ! Sauvez la paix ! Paris : Comité international de coordination et d’information pour l’aide à l’Espagne républicaine. Imprimerie coopérative Etoile, 1938. Archives. F delta 167/1-12.
Cette carte postale, éditée par le Comité international de coordination et d’information pour l’aide à l’Espagne républicaine, basé à Paris, met l’accent sur la dimension internationale de la Guerre d’Espagne et le risque direct qu’elle représente pour la paix en France encerclée par les puissances fascistes : alliance de Franco avec l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste, vulnérabilité de la frontière franco-espagnole, risque d’une attaque maritime ou aérienne depuis le Maroc espagnol et les Baléares. Aux cartes s’ajoutent des extraits de journaux franquistes qui insistent d’une part sur l’alliance entre puissances fascistes et d’autre part sur l’hostilité de Franco à l’égard de la France.
(Tous droits réservés)
Afficher en grand
Contre qui la guerre en Espagne ? Sauvez la France ! Sauvez la p
Contre qui la guerre en Espagne ? Sauvez la France ! Sauvez la paix ! Paris : Comité international de coordination et d’information pour l’aide à l’Espagne républicaine. Imprimerie coopérative Etoile, 1938. Archives. F delta 167/1-12.
Cette carte postale, éditée par le Comité international de coordination et d’information pour l’aide à l’Espagne républicaine, basé à Paris, met l’accent sur la dimension internationale de la Guerre d’Espagne et le risque direct qu’elle représente pour la paix en France encerclée par les puissances fascistes : alliance de Franco avec l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste, vulnérabilité de la frontière franco-espagnole, risque d’une attaque maritime ou aérienne depuis le Maroc espagnol et les Baléares. Aux cartes s’ajoutent des extraits de journaux franquistes qui insistent d’une part sur l’alliance entre puissances fascistes et d’autre part sur l’hostilité de Franco à l’égard de la France.
(Tous droits réervés)
Afficher en grand
Contre qui la guerre en Espagne ? Sauvez la France ! Sauvez la p
(Contre qui la guerre en Espagne ? Sauvez la France ! Sauvez la paix ! Paris : Comité international de coordination et d’information pour l’aide à l’Espagne républicaine. Imprimerie coopérative Etoile, 1938. Archives. F delta 167/1-12.)
Cette carte postale, éditée par le Comité international de coordination et d’information pour l’aide à l’Espagne républicaine, basé à Paris, met l’accent sur la dimension internationale de la Guerre d’Espagne et le risque direct qu’elle représente pour la paix en France encerclée par les puissances fascistes : alliance de Franco avec l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste, vulnérabilité de la frontière franco-espagnole, risque d’une attaque maritime ou aérienne depuis le Maroc espagnol et les Baléares. Aux cartes s’ajoutent des extraits de journaux franquistes qui insistent d’une part sur l’alliance entre puissances fascistes et d’autre part sur l’hostilité de Franco à l’égard de la France.
(tous droits réservés)
Afficher en grand
Contre qui la guerre en Espagne ? Sauvez la France ! Sauvez la p
(Contre qui la guerre en Espagne ? Sauvez la France ! Sauvez la paix ! Paris : Comité international de coordination et d’information pour l’aide à l’Espagne républicaine. Imprimerie coopérative Etoile, 1938. Archives. F delta 167/1-12.)
Cette carte postale, éditée par le Comité international de coordination et d’information pour l’aide à l’Espagne républicaine, basé à Paris, met l’accent sur la dimension internationale de la Guerre d’Espagne et le risque direct qu’elle représente pour la paix en France encerclée par les puissances fascistes : alliance de Franco avec l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste, vulnérabilité de la frontière franco-espagnole, risque d’une attaque maritime ou aérienne depuis le Maroc espagnol et les Baléares. Aux cartes s’ajoutent des extraits de journaux franquistes qui insistent d’une part sur l’alliance entre puissances fascistes et d’autre part sur l’hostilité de Franco à l’égard de la France.
(Tous droits réservés)
Afficher en grand
6 d’octubre – 19 de juliol. Companys parla a les Milícies.
6 d’octubre – 19 de juliol. Companys parla a les Milícies. 6 de octubre – 19 de julio. Companys habla a las Milicias. Barcelona : Comissario de Propaganda de la Generalitat de Catalunya. Archives. F delta 714/1.
Tract bilingue catalan – espagnol rédigé par le bureau chargé de la propagande au sein de la Generalitat de Catalunya et mettant en scène Lluis Companys en train d’haranguer les milices antifascistes à Barcelone. Membre du parti indépendantiste ERC (Esquerra Republicana Catalana) L. Companys est président de la Generalitat créée sous la IIe République. Dans la lutte contre les troupes franquistes, il essaie de maintenir l’unité entre les différents partis et syndicats qui l’appuient, face à la montée des anarchistes en Catalogne, menés par la CNT et appuyés par le POUM (Parti Ouvrier d’Unification marxiste). Le tract fait référence à deux dates emblématiques : le 6 octobre 1934 (L. Companys proclame « l’Etat catalan » mais il est arrêté et le gouvernement autonome suspendu jusqu’à sa restauration en 1936 après la victoire de la gauche aux élections législatives) et le 19 juillet 1936 (à Barcelone les milices ouvrières organisent des barricades et la résistance à l’insurrection nationaliste). En 1937, le gouvernement républicain de l’Espagne s’installe à Barcelone et les tensions se multiplient avec le gouvernement catalan. Barcelone tombe en janvier 1939. L. Companys s’exile en France. La Gestapo le livrera aux autorités franquistes en août 1940 qui ordonneront son exécution.
(Tous droits réservés)
Afficher en grand
‹
›